Entretien 7 : Catherine Leblanc
Mesdames et Messieurs,
Je vous demande d’accueillir chaleureusement, Catherine Leblanc, qui a écrit le texte le « Feu transparent » et qui sera illustré par Pascale Breysse.
C’est une enquête dans le monde merveilleux non pas d’Alice mais de Catherine.
Pour cela, nous allons déjà faire entrer la protagoniste de cette affaire, Mme Catherine Leblanc.
Bonjour !
Bonjour Catherine. Je suis très heureux et ému de te recevoir, surtout pour ce texte magnifique. Enfin, je serais content même sans ce texte, ne te méprends pas !
J’ai bien compris, PPI.
Je suis très contente de participer aux premier pas (petits ? ) d’une nouvelle maison d’édition. C’est une naissance, une promesse !
Allez commençons l’enquête, parles-nous du sujet coupable du délit d’invitation au rêve et à la réflexion : « Le Feu transparent » ?
« Le feu transparent » c’est le feu de la parole
C’est l’histoire d’un petit garçon qui s’aperçoit qu’il n’est pas comme les autres et doit se débrouiller avec sa différence.
Mes beaux-parents étaient sourds et avec eux, j’ai découvert cet univers. La vie des sourds est difficile mais ils sont très solidaires entre eux, cela m’a touchée.
Au-delà d’un handicap particulier, nous avons tous à faire avec nos différences. C’est ce que j’ai eu envie de partager dans cet album.
La question du langage m’intéresse particulièrement : comment on entre dans la parole, comment, avec les mots, on va vers soi-même et vers les autres.
Une phrase le résume dans le texte : « Pour la première fois, des mots touchaient son cœur mais le déchiraient aussi. »
Tes mots ont touché le mien. Quand Maman Marjorie a lu ton texte, elle n’a pas pu s’empêcher de relire plusieurs fois le texte pour en ressentir tous les sentiments que cela soulevé. Elle a aimé le lire à haute voix à ma deuxième Maman pour prolonger tous ces sentiments qui s’entrechoqués.
Pour continuer les investigations, il serait important de situer le lieu et l’environnement où tu commets tes délits ?
Je vis et je travaille à Angers. J’ai 3 grands enfants et deux petites filles dont l’une qui a moins d’une semaine ! C’est à elles deux que je vais dédier « Le feu transparent » !
Pendant longtemps, je voulais écrire sans parvenir à m’y consacrer vraiment et sans croire que je pourrais un jour être publiée. Maintenant, plus j’écris, plus j’aime écrire et plus les projets arrivent ! Comme quoi il faut s’accrocher et ne jamais renoncer à ses rêves.
J’écris pour les adultes ou pour les jeunes (plus de trente livres sont publiés à ce jour dont 11 albums) J’écris parfois des romans mais j’aime surtout les formes brèves et la poésie.
Y-a-t-il des complices qui ont participé à initier tes plans artistiques ?
Question difficile car c’est très vaste et ça change selon les époques !
Je vous dis les trois noms qui me viennent en premier à l’esprit, là, aujourd’hui : Bernard Friot pour son humour caustique et son sens de la concision, Jean-Claude Mourlevat pour la limpidité de sa langue et la force de ses thèmes, Pascal Servant pour son univers singulier d’auteur illustrateur.
Et puis, un poète bien sur : Jean- Pierre Siméon, à découvrir d’ailleurs, (toute la belle collection Poèmes pour Grandir chez Cheyne)
Avec la littérature jeunesse, j’ai découvert les illustrateurs et c’est un bonheur : Rebecca Dautremer, Olivier Tallec, Claude K Dubois, Eric Battut, Magali le Huche, Barbara Martinez, Pascale Breysse qui illustre « le feu transparent » …et tant d’autres !
Parlons, maintenant du mobile. Comment fais-tu pour nous emporter dans tes rêves ?
Cela part souvent d’une émotion, quelque chose me touche, même très brièvement et c’est le point de départ d’un poème ou d’une histoire.
Je note des phrases en vrac au départ. Chez moi, ça passe par l’écrit. Il faut que je pose des mots sur la page pour que ça s’organise ensuite.
Un fil se dégage, je le suis. Je ne sais pas ou je vais au départ et j’aime cette aventure. Il peut y avoir des impasses, des textes qui s’arrêtent en chemin mais je ne peux pas écrire si je ne suis pas surprise par ce qui surgit.
Je cherche souvent à donner une voix aux personnages, à recréer de l’intérieur ce qu’ils peuvent traverser, je n’utilise de documentation que pour vérifier un détail.
J’écris toujours à l’ordinateur depuis que j’ai découvert les fonctions merveilleuses de couper, de copier coller et de pouvoir effacer (sans retaper toute la page !)
Je retravaille beaucoup mes textes, longtemps. Quand je viens d’écrire, il me paraît achevé, et à chaque fois que je le reprends, je découvre quelque chose à changer !
Oui, oui je sais ! (rires)
Je cherche le mot précis, la sensation, la sonorité. Je travaille avec la matière des mots.
Un texte d’album ou même un poème bouge toujours, c’est une forme vivante, il met parfois plusieurs années avant de trouver sa forme « définitive » (c’est en général la publication qui permet d’arrêter le processus ! )
Mon mari est mon premier lecteur mais ensuite, je cherche un éditeur. C’est à lui que je m’adresse, c’est parce qu’il ya une perspective de publication que je trouve la forme finale de mon texte.
Et moi, j’ai eu l’élément de preuve à charge, ton texte qui m’a fait voyager.
Je suis certain, que nos lecteurs te condamneront, tout comme moi, quand ils liront ton texte, à être applaudie et émerveillée.
Je sais que le jury doit rester impartial mais je peux m'empêcher de donner un indice pour connaître ton monde .
Cela restera entre vous et moi, j’ai confiance en vous.
Le jugement sera sans appel, Catherine, mérite que la salle se lève devant l’accusée pour son départ en la déclarant coupable d’appel à l’imagination, aux rêves et à voir les beautés de ce monde.